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Comment j'ai enfin trouvé mon dream job après 12 ans et 2 reconversions professionnelles.

01 septembre 2020

Sortir de sa zone de confort

"La vie est trop courte !".

C'est ça le gros problème... Je sais pas pour toi mais autour de moi, je ne compte plus les personnes qui ont tout remis en question notamment pendant le confinement. Travailler 40h par semaine et bien gagner sa vie c'est bien, mais passer ces 40h par semaine à faire un truc qui nous transcende, un truc qui a du sens, un truc qui fasse que quand tu te lèves tous les matins, tu es chaud patate pour aller bosser, c'est beaucoup mieux !

Et bah aujourd'hui, moi j'ai ça ! Ne sois pas jaloux, c'est loin d'avoir toujours été le cas, il m'aura fallu 12 ans et 3 vies professionnelles pour enfin trouver ma voie. Je t'explique :

Mon parcours pro :

Quand j'avais 16 ans je ne savais pas du tout quoi faire de ma vie (et pour dire vrai je m'en foutais complètement à l'époque. Je ne pensais qu'aux copains, aux copines, au tennis et au skateboard).

Comme j'étais très bon en maths et dans les matières scientifiques en général, mes parents m'ont suggéré de faire une prépa ingénieur. Alors j'ai fait une prépa ingénieur. J'étais "sur les rails"...

En 2001, j'ai été admis à l'école Centrale de Nantes, une super école d'ingénieur, alors je suis allé à l'école Centrale de Nantes. J'étais "sur les rails"... Et puis ça tombait bien parce que tous mes copains aussi ils étaient "sur les rails". Alors pourquoi faire autrement ?

En 2005, j'ai rejoint Technip, une multinationale Oil & Gaz que j'ai servie loyalement pendant 8 ans en tant que responsable tuyauterie et installation (le Piping comme on disait dans le jargon. Qu'est ce qu'on m'a chambré là dessus...). Dans ma tour de 40 étages à la Défense j'étais "sur les rails"...

En 2013 j'ai rejoint ma compagne à Strasbourg et continué l'engineering dans une société un peu plus petite (Eras Ingénierie) en tant que Responsable de projet. J'étais toujours "sur les rails"...

Et puis un jour tout a changé. A la fin de la période d'essai chez Eras, ils m'ont proposé une mission super loin qui ne m'intéressait pas du tout. C'est le jour où j'ai décidé de sortir des rails.

Depuis ce jour ma vie a complètement changé. Fini le CDI avec 4000 balles par mois, 25 jours de congés et 12 RTT. Fini le métro, boulot, dodo. Fini les 800 mails dans ma boîte de réception en rentrant de vacances. Finis les gros coups de pression de ma hiérarchie et les coups de stress (merci la calvitie !) et insomnies, tout ça pour prendre 1% d'augmentation à la fin de l'année. Fini de faire un travail qui pour moi n'avait aucun sens. La vie est beaucoup trop courte !

Le grand saut

Ce jour là, j'ai décidé de ne pas accepter la mission et implicitement de ne pas reconduire le contrat à la fin de ma période d'essai. L'occasion ou jamais de chercher ce qui me faisait vraiment vibrer dans la vie. Et je vais pas te mentir, sortir des rails c'est un peu comme sauter en parachute mais sans parachute. Bon ok, j'avais malgré tout un petit parachute qui s'appelle Pôle Emploi (merci la France !).

A partir de ce moment là, plus question de retourner dans l'ingénierie, JAMAIS ! Mais que faire alors ? Ma première action de mec "hors des rails" a été de faire un bilan de compétences. Si tu ne sais pas ce que c'est, un bilan de compétences ça consiste à t'asseoir avec un monsieur ou une dame et à réfléchir à ce que tu aimes le plus et à ce que tu sais le mieux faire dans la vie. Au final, il l'avouer, le bilan de tout ça ne m'a pas appris beaucoup plus que ce que je ne savais déjà : j'aime le sport, la musique et la bouffe... ET : je serais à l'aise dans un projet professionnel où c'est MOI le patron !

J'avais 33 ans à cette époque donc j'ai écarté la piste de tennisman ou surfer professionnel. Et vu la tête de ma copine, je n'ai pas poussé plus loin le projet "Prof de piano / guitare" ni le projet "accordeur de piano".

Et là j'ai fait mes 2 premières GROSSES erreurs :

  • je me suis dirigé vers la restauration

  • je me suis dirigé vers la franchise

Effrayé à l'idée de monter un truc tout seul (le syndrome de l'imposteur, la peur de l'échec, la peur de l'inconnu, la peur qui fout les boules quoi !), je suis allé à Paris au salon de la franchise avec un copain. A ce moment là, je n'avais pas encore choisi mon domaine d'activité. Mais le vin et la gastronomie étaient clairement sur le podium. J'ai rencontré pas mal de franchises dont pas mal de vendeurs de rêve - coucou les franchises de salles de sport !! - et puis j'ai découvert une super enseigne avec une promesse géniale : proposer des cours de cuisine où le client peut cuisiner plusieurs portions et ramener le tout à la maison pour partager avec les copains.

J'étais emballé par ce projet. Tellement emballé que j'ai signé tout de suite le droit d'entrée à la franchise (et hop 20 000 balles !). Là j'ai découvert la difficulté de trouver un local commercial bien placé à Strasbourg. J'ai commencé les formations avec l'enseigne avec 3 autres franchisés, tous les 3 en reconversion eux aussi. Le business plan était prêt. Plusieurs pistes sérieuses pour un local commercial. Et puis badaboum : l'enseigne annonce sa mise en procédure de sauvegarde (en gros 6 mois pour redresser la barre sous peine de redressement judiciaire). Et 6 mois plus tard, ça n'a pas loupé : redressement ! Plus question de se lancer, c'est trop risqué. 20 000 euros de perdus, et la grosse sensation de s'être fait léser (avec un grand "B" !).

Le virage vers la restauration

Un peu sonné mais pas résigné pour autant ! Tant pis pour la franchise, je monterais mon enseigne tout seul ! Mon papa, expert comptable fraîchement retraité me présente Félix, un de ses anciens clients qui a une dizaine (quinzaine ?) de restos italiens à Paris. On dîne tous les 3 dans le resto de Ciro Polge, l'un de ses associés (Su mizura, 22 avenue Rapp dans le 7ème, excellente adresse !). J'explique à Félix que je veux me reconvertir dans la restauration et que j'aimerais bien me former pour apprendre les ficelles du métier, comment gérer les fournisseurs, le matériel, le personnel, créer mon menu etc... L'objectif: ouvrir une épicerie italienne avec un peu de restauration sur place.

A la fin du repas, Ciro le patron du resto vient me voir, me tend sa carte en me disant "Tou m'appelle domain" (tu m'appelles demain - je sais j'ai un formidable accent italien).

3 jours après me voilà parti pour 3 mois de formation avec Ciro. Une rencontre incroyable avec ce monsieur qui a donné sa vie à la restauration. Je le suis dans tous ses rendez-vous avec les fournisseurs, les sous-traitants, son comptable, sa banque. Je suis l'équipe du matin au soir en cuisine et en salle. Je mets même un peu la main à la pâte. Puis je rentre à Strasbourg et me voilà parti. Recherche d'un local commercial, business plan, dossier Initiative Strasbourg / Alsace active, rendez-vous avec des banques pour un prêt, négociation avec les fournisseurs, formation HACCP, achat du matériel et des équipements, préparation des travaux... 4 mois plus tard j'ouvre l'Avventura, une épicerie italienne dans la Grand Rue pour déguster des planchettes de charcuterie / fromage / planchettes / salades et sandwichs italiens avec du bon vin (italien aussi). Le tout avec des produits 100% importés d'Italie.

L'Avventura ou les 2 années les plus difficiles de ma vie pro

Dans mon business plan je prévoyais à la base que mon business serait largement orienté vers l'épicerie et de manière générale vers la vente à emporter. Le premier week-end de l'ouverture j'ai fait quasiment 100% de mon chiffre d'affaire en restauration sur place. Me voilà donc devenu restaurateur...

Et là je commet ma 3ème erreur. Je décide de démarrer mon activité SEUL, 7 jours sur 7 et en continu. Alors en vrai, c'est pas forcément une erreur : on ne sait pas si on va avoir des clients au début, donc démarrer seul et en full time permet de voir venir sans exploser sa trésorerie dès le début, de savoir quels sont les moments de rush et les moments calmes etc... Mais SEUL en full time pour faire les préparations, passer les commandes, les cuisiner, les servir, faire la caisse, la plonge, la dame pipi, le ménage, le psy pour certains clients et gérer l'entreprise, c'est TROP. Je suis parti en sprint pour courir un marathon...

7 mois plus tard, Fabrizzio, un jeune italien vient me voir pour savoir si je cherchais quelqu'un en cuisine. Sur le moment, je n'avais pas réfléchis à embaucher puis j'ai décidé de le prendre à l'essai à mi-temps. Et quelques mois plus tard à temps plein.

Je vais te dire un truc : la restauration, c'est DUR ! Des horaires de dingue, plus de week-end, plus de vacances, une marge faible, un stress de malade quand les clients décident de tous arriver en même temps, un stress de malade quand il n'y a personne alors que les restos à touristes dégueus sont pleins, la peur permanente de ne pas satisfaire le client, les insomnies la nuit parce que j'avais oublié de faire mon tiramisu pour le lendemain ou que j'avais oublié de commander du parmesan, les punks à chiens qui viennent pisser à 10cm de ma terrasse, sans parler de l'administration française qui me met des bâtons dans les roues pour la taille de mon enseigne, la couleur de mon mobilier de terrasse ou le fait que je sois à la fois épicerie et restaurant.

Mais la restauration c'est aussi de bons moments. Le plaisir de faire plaisir, des super retours clients (j'ai même été classé 90ème restaurant sur 1200 à Strasbourg sur Tripadvisor, pas mal pour un ingénieur pétrole !), des super rencontres, des fous rires avec Fabrizzio, la satisfaction à chaque commande d'avoir livré de bout en bout un mini projet (dans le pétrole mes projets duraient 3 ans et je n'étais même pas sur d'être là au début ou à la fin).

Début 2017, je deviens papa pour la première fois. En janvier il fait -10°C dehors, Fabrizzio fait des journées affreuses à seulement 6 clients et 100 euros de CA pendant que je me fait hurler et vomir dessus par ma fille à la maison. Ce métier est incompatible avec une vie de famille. Je décide de vendre. En septembre, le restaurant est vendu et j'arrive presque à ne pas perdre d'argent (mais en ayant travaillé 90h par semaine sans me payer pendant prêt de 3 ans). Il est temps de trouver une nouvelle voie, mais cette fois avec des horaires raisonnables et dans un domaine où je peux "monnayer" ma matière grise.

Ma re-reconversion en développeur

Pas question de retourner dans l'ingénierie, mais par contre, essayons de faire en sorte de gagner des sous en utilisant mon cerveau d'ingénieur. Quelques mois avant de vendre le resto, j'avais déjà eu la puce à l'oreille en discutant un peu avec des clients réguliers qui bossaient en co-working dans le web (coucou Quai Numéro 10 !). Je me suis alors souvenu que j'avais adoré le code dans mes années à Centrale - j'y avais découvert le C et le FORTRAN (bouh le vieux !!).

J'ai donc décidé de me former tout seul au développement web pour voir si ça me plaisait. Avec OpenClassrooms et Apprendre-a-coder.com j'ai commencé avec des sites statiques hyper simple en Html et Css. Et tu sais quoi, j'ai adoré ça. Mais un peu dur de se faire embaucher en autodidacte (et toujours avec ce satané syndrome de l'imposteur !). J'ai ensuite passé 3 mois dans un bootcamp pour consolider mes connaissances (surtout Javascript, PHP et MySQL) à la 3W Academy. Mon diplôme en poche et après avoir développé une petite appli pour les restaurateurs, je me suis fait embaucher comme développeur WordPress dans une agence Alsacienne.

Du CDI au freelancing

Et là quel pied !! Même payé à coups de pieds au cul, quel pied de se lever le matin pour aller faire ce qui me plaît. Et oui j'adore le code. Comme les maths, c'est de la logique. C'est trop bien, tu tapes ton code, tu sauves, tu rafraîchis le navigateur et tu vois le résultat sur l'écran. En une journée tu as réalisé des dizaines de micro projets concrets et tu as le résultat tout de suite.

Un autre avantage du dev, c'est que ça m'a permis de travailler en côtoyant le milieu artistique et créatif; inespéré pour un ingénieur. Dans le pétrole et la restauration c'était pas trop ça ! (quoique certains de mes sandwichs c'était de l'art - voir même du lard !!).

Puis ma deuxième fille est née, et le quasi SMIC avec deux enfants c'est pas terrible. Après avoir eu la chance d'être formé de façon intensive, et voyant que j'avais fait le tour dans l'apprentissage du développement WordPress sur mesure, j'ai décidé de me lancer seul dans le grand bain fin 2019.

Mon service: développer des sites WordPress sur mesure (sans thème sans theme-builder) pour des agences web et agences de comm'.

Et maintenant ?

Tu sais quoi, se lancer en freelance aussi ça fout les jetons ! J'avais tellement peu confiance en moi quand je me suis lancé que je m'étais fixé pour objectif de facturer UN projet dans les 6 premiers mois. Pas très ambitieux hein ? Au final après 2-3 mois pour mettre la machine en route, voilà mon bilan.

En 8 mois depuis janvier, 11 sites web sur mesure mis en ligne pour 2 agences et 3 clients en direct.

C'est beaucoup plus que l'objectif initial mais avec du recul c'est beaucoup moins que ce que j'aurais pu réaliser. Petit ralentissement en juillet / août entre les congés d'été et les effets du COVID - qui m'a permis de découvrir des nouvelles technos que j'adore à savoir React.JS et la JAMStack avec Gatsby.JS - mais je repars de plus belle en septembre.

Alors certes, je ne suis pas encore à mon ancien salaire d'ingénieur, mais quel pied de faire le métier que j'aime, quel pied de gérer mon temps comme je l'entends, quel pied de choisir avec qui je veux bosser et où je veux bosser. Il m'aura fallu 12 ans pour trouver mon dream job. Des années de galère financière. Des années de doutes et de remise en question. Mais au final, qu'est-ce que c'est bon !

Alors maintenant si tu veux un conseil : si tu as des doutes, si tu ne t'épanouis pas à 100% dans ton job, si tu as accès à pôle emploi ou si tu peux te permettre de réduire ton train de vie temporairement (ou les deux), alors n'hésite pas, fonce. Si tu ne le fais pas maintenant, tu ne le feras jamais et personne ne le feras à ta place. Trouve une idée, sors de ta zone de confort, lance toi, essaye, échoue, casse toi la gueule (ou pas !), relève toi et recommence.

"Mieux vaut des remords que des regrets."

A bon entendeur,

Jérôme Dicharry

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